Une délégation du comité de pilotage de l’Ambes s’est rendue début décembre à Toulouse pour étudier le Sol Violette, la monnaie complémentaire lancée en mai dans la Ville Rose. Le Journal du Pays basque et Gara reviennent sous forme d’interview sur ce voyage riche d’enseignements, dans des articles en français et en castillan.
AMBESeko gidoi taldearen delegazio bat Tolosara joan da abenduaren hastapenean Sol-Violette-aren aztertzeko, hiri arrosan ateratu den moneda osagarria. Le Journal du Pays Basque eta Gara argitarazten dituzte bi artikulu, frantsesez eta españolez, elgarrizketa moduan bidai interesgarri horri buruz.
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« Une monnaie complémentaire est aussi un outil d’éducation populaire et de citoyenneté »
Depuis plusieurs mois déjà, un groupe de personnes réfléchit en Pays Basque à la création d’une « monnaie complémentaire » et locale à l’image des quelque 5 000 monnaies de ce type qui existent aujourd’hui dans le monde et qui ont fait leurs preuves. Réunis au sein de l’association Ambes (Association pour une monnaie basque, écologique et solidaire) ils travaillent à ce projet d’envergure qui est tout ce qu’il y a de plus sérieux.
Le comité de pilotage du projet s’est rendu il y a peu à Toulouse où une monnaie locale, le Sol Violette, est déjà en fonctionnement et va se rendre d’ ici quelques jours en Bavière, dans la région de Chiemgau, pour y étudier un autre projet de ce type, sans doute le plus important à ce jour en Europe occidentale. Entre ces deux voyages d’études, nous avons rencontré Dante Edme-Sanjurjo, journaliste et membre du comité de pilotage de cette future monnaie « locale, basque, écologique et solidaire ».
Comment s’est passé votre voyage à Toulouse?
Ce voyage de deux jours, jeudi 1er et vendredi 2 décembre, s’est très bien déroulé. Nous étions quatre membres du comité de pilotage de l’Ambes. Nous avons été très bien reçus par Andrea Caro et Frédéric Bosqué, respectivement chargée de mission et coordinateur de l’association Sol Violette. Ils ont pris le temps de nous expliquer leur système, de nous montrer le matériel informatique qu’ils utilisent, de nous présenter deux commerçants du réseau, une épicerie Biocoop et une librairie-café, Terra Nova. Nous avons également rencontré une responsable du Crédit municipal, l’un des deux partenaires bancaires de cette monnaie complémentaire (l’autre étant le Crédit coopératif).
Nous avons enfin assisté à la remise publique du rapport d’une sociologue faisant le bilan de 6 mois d’existence du réseau. 150 personnes étaient réunies pour écouter cette sociologue, Andrea Caro et Frédéric Bosqué, et le conseilleur municipal de Toulouse délégué à l’économie sociale et solidaire, Jean-Paul Pla.
Le bilan qu’ils ont fait était-il positif ?
Le bilan est très positif pour eux, puisqu’ils ont dépassé en six mois tous leurs objectifs, avec plus de 75 entreprises et associations acceptant les Sol Violettes comme moyen de paiement, et plus de 600 Toulousains ayant rejoint l’association et converti des euros en Sol Violettes. Selon la sociologue qui a réalisé l’étude, Émilie Boutin, 25 % de ses utilisateurs sont des retraités, chômeurs ou étudiants en situation de précarité. France Flamand, administratrice d’un lieu d’accueil du Mirail destiné en particulier aux chômeurs, a indiqué que les 30 chômeurs de ce quartier populaire de Toulouse qui se sont portés volontaires pour cette première expérimentation en ont tiré un grand bénéfice en termes de décloisonnement et d’insertion. Certaines femmes sont retournées pour la première fois depuis des années faire des courses en centre-ville. Ils discutent maintenant de leur manière de consommer, en se rendant compte par exemple que les pâtes en vrac du magasin bio ne sont pas plus chères que les pâtes du supermarché.
Les commerçants, de leur côté, disent avoir vu de nouveaux clients venir chez eux avec des Sol Violettes. C’est normal : les 600 adhérents ont un nombre limité de prestataires chez qui dépenser leurs Sol Violettes. Par conséquent, avec le catalogue qui leur est fourni, ils vont à la découverte de nouveaux magasins.
Enfin, 90 % des personnes utilisant le Sol Violette ont affirmé avoir acquis de nouvelles connaissances sur l’économie et sur la finance. Ce qui est important, car une monnaie complémentaire est aussi un outil d’éducation populaire et de citoyenneté.
Qu’est-ce que vous avez appris?
Nous étions déjà en contact avec Frédéric Bosqué, coordinateur de l’association Sol Violette, car nous l’avions rencontré lors des Rencontres nationales des porteurs de projets de monnaies locales complémentaires de l’État français, à Villeneuve-sur-Lot, en octobre. Il nous a déjà appris beaucoup de choses avant ce voyage, mais nous avons encore appris davantage. Par exemple, nous avons vu qu’il est possible d’imaginer non seulement un paiement avec des coupons imprimés qui font office de billets, mais aussi un paiement avec le téléphone portable. Un système très pratique et très sûr, utilisé notamment dans certains pays d’Afrique comme le Kenya, où les habitants n’ont pas les moyens de s’offrir des cartes de crédit.
Nous avons aussi eu des réponses à nos questions sur l’organisation pratique du lancement de la monnaie : impression et sécurisation des billets, logiciels de gestion, coût de la fabrication, formation des bénévoles, etc. Nous allons poursuivre notre phase d’étude par un voyage en Bavière, du 18 au 22 janvier, là où se trouve la monnaie complémentaire la plus importante développée à ce jour en Europe, le chiemgauer. Nous passerons après ce dernier voyage d’étude à la phase de conception de la monnaie.
Est-ce que le projet est transposable au Pays Basque?
Oui, sans aucun doute. Il existe un fort potentiel de développement d’une monnaie complémentaire au Pays Basque, d’une part parce que ce type de monnaie correspond à un besoin de relocalisation de l’économie qui se fait sentir partout, et d’autre part parce que le Pays Basque à une identité forte, des réseaux associatifs et militants importants, et une réelle diversité de son tissu économique qui sont des atouts importants pour la création d’une monnaie.
Mais comme pour toute monnaie complémentaire, il faut trouver le meilleur moyen d’adapter le projet aux spécificités de son territoire. C’est ce à quoi nous travaillons. Il ne s’agira pas de copier le modèle du Sol Violette ou du chiemgauer, mais de prendre ce qu’ils ont de mieux à nous apporter, et de bénéficier de l’expérience d’organisateurs de monnaies complémentaires qui ont des années de pratique derrière eux.
Enfin, cette monnaie complémentaire basque aura quelque chose de différent : en plus d’être écologique et solidaire, comme toutes les monnaies complémentaires, elle sera aussi culturelle. En effet, au même titre que nous encouragerons les commerçants et entreprises membres du réseau à développer au fil des ans des pratiques écologiques et solidaires, nous les inciterons à développer leur usage de l’euskara, afin que l’euskara soit davantage visible dans la vie publique : cartes des restaurants, étiquetage et affichage dans les commerces, usage de l’euskara à l’oral, etc.
Le fait de voir comment se font les transactions vous a-t-il fait changer quelque chose au projet?
Pas réellement, dans le sens où nous connaissions déjà le fonctionnement des monnaies complémentaires, naturellement.
Il était prévu de créer le groupe de développement en décembre, où en êtes-vous?
Le comité de pilotage continue son travail d’information et devrait passer fin janvier, après son voyage d’étude en Allemagne, à la phase d’élaboration du projet. Nous soumettrons alors ce projet aux personnes et organisations intéressées par cette nouvelle monnaie pour le Pays Basque, afin qu’elles nous donnent leur avis et le fassent évoluer.
Il s’agit pour nous avant tout de bien réfléchir et de bien étudier le projet, pour qu’il soit solide. Ensuite, la phase de lancement de la monnaie peut aller assez vite. Par exemple, à Toulouse, les organisateurs ont terminé leur phase d’étude et élaboré leur projet concret en février 2011, et ont mis le Sol Violette en circulation trois mois plus tard, au mois de mai dernier. Nous ne voulons pas aller trop vite, mais nous restons sur un objectif de lancement de la monnaie en 2012. En attendant, pour construire ce projet, toutes les bonnes volontés sont bienvenues. Nous nous réunissons tous les deux mercredis de 19h à 21h, tour à tour à Bayonne et Hasparren. Pour nous rejoindre, il suffit de nous appeler (06 32 38 23 19) ou de nous laisser un message sur notre site Internet, 2012-2016.euskalmoneta.org.
Idoia Eraso (Gara)
Télecharger l’article du J.P.B au format PDF ici:
Consulter l’article parue sur le GARA du 08.01.2012: http://www.gara.net/paperezkoa/20120108/314044/es/Nuestro-objetivo-es-que-moneda-vasca-complementaria-lance-2012
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